Les Amis de Vézelay - Autres événements à Vézelay
Tintin
Aujourd'hui, mercredi 8 août, la basique a fait salle comble. On enterrait Tintin. Parmi les hommages qui lui furent rendus, nous vous livrons celui d'Antoine Bosshard :
HOMMAGE A ROBERT BUCQUOY, DIT TINTIN
Depuis quelques jours, j’ai sous les yeux un petit portrait de notre ami Robert Bucquoy, «dit Tintin», comme le précise, déjà, la pierre de son caveau familial. La chemise à carreaux ouverte – c’était la fête de ses quatre-vingt-dix ans - il est là, celui chez qui la clarté du regard, qu’on dirait amoureux parfois, fait bon ménage avec l’espièglerie. Où un certain bonheur d’être sur terre se lit au bleu de ses yeux, aux fossettes si souvent remontées. Le même être curieux et jovial, qui, un certain jour de décembre 1991, guignant au bas de la rue de Escaliers, nous a abordés, ma femme et moi, d’un «Alors, Messieurs Dames, vous faites un petit tour ?» Nous ne nous connaissions pas. Un petit tour ? il dura près de trente ans, d’une amitié sans faille. Le même homme qui, il y a peu, me donnait une poignée de main dont je ne devinais pas quelle serait la dernière, couplée d’un «Au revoir, M. Bosshard» gentiment solennel. Auquel répondait rituellement, un «Au revoir, Monsieur Tintin.» Vous aurez compris que je ne connais de notre ami qu’une part de sa longue vie. La plus lumineuse sans doute. Car comme nous tous, je sais qu’il a avait eu, antérieurement, à affronter des difficultés, des drames, rentrés dans l’ombre de sa propre histoire.
Tintin aimait les gens. Il aimait ceux qui sont ici ce matin et dont il était aimé, adoré parfois. Jour après jour, à l’heure du pain, nous l’avons vu, toilette faite et voilé d’un nuage d’after shave, descendre et remonter la rue Saint-Etienne, s’arrêtant vers chacun pour le simple bonheur de parler. Peu enclin à jouer un rôle, sinon d’échanger avec les autres. Comme s’il était, sans le savoir, un édile. Un édile non élu s’inquiétant des siens. Et sachant, dans la foulée, tant de choses de sa cité.
Car Tintin était une formidable mémoire. Comme ces savants qui, en mourant, sont, comme on dit, une bibliothèque qui brûle, il connaissait tout de ce pays. L’année de naissance d’une armée de Vézeliens, l’identité des morts du cimetière, le labyrinthe des canalisations qui sillonnent le sous-sol du bourg, le nom de tant d’épiceries qui avaient pignon sur rue avant guerre et un plein panier d’anecdotes cueillies au passage, sur quatre-vingt-dix ans. C’était un des lieux de son charme que de l’entendre. Sur lui-même d’abord. Enfant il était ce farceur qui déposa des grenouilles dans le bénitier de la basilique. Révolté contre le curé de l’époque, en arrachant les boutons de sa soutane de servant de messe. Le chasseur alpin ébloui par la beauté de la montagne, le membre de l’orphéon local, le bouilleur de crus, le météorologue plus assuré que fiable. Riant de ses exploits, comme s’il se lisait un livre d’aventures.
Mais il y avait plus que cela. Jusqu’aux derniers jours, cette envie incessante, impérieuse, de rendre service, sans jamais en faire étalage. Donnant des coups de main, prenant des initiatives pour redresser un arbre affaissé, pour arroser un jardin manquant d’eau, pour exécuter mille et un travaux minuscules qui pouvaient soulager l’un ou l’autre. On s’émerveille de tant d’énergie déployée, sans jamais savoir si elle nourrissait cette merveilleuse disponibilité ou si elle était mobilisée par elle. Doublée d’un oubli de soi qui le rendait terriblement attachant.
Fils de gendarme, Tintin cultivait le devoir et la fidélité. Employé municipal, adjudant chef des pompiers, fossoyeur, garde-champêtre, cet amoureux des choses bien faites outrepassait parfois ses devoirs en allant, par exemple, saler les trottoirs aux petites heures les jours de gel. Comme on l’a vu tout récemment, à bord de son véhicule électrique, passer une partie de la journée à s’occuper du cimetière. Mais cette fidélité, ce code qu’il portait en lui allait aussi à ses proches, en particulier à sa femme longtemps souffrante, qu’il a minutieusement accompagnée, et avec quelle constance, jusqu’à ses derniers jours. Il y avait, au-delà, un Tintin protecteur et défenseur de plus faibles, de plus exposés que lui. Autant de traits qui n’ont pas échappé à la Municipalité, qui a fait citoyen d’honneur cette personnalité aussi forte qu’elle n’était pas encombrante.
Il n’est plus là, cet homme si inscrit dans le paysage qu’on eût dit un santon. Il n’y aura plus de conteur, plus de gardien du souvenir, plus de bonjours enjoués du matin, plus de trottinements conjoints de Tintin et de son inséparable petit chien, Youki. Robert Bucquoy rejoint aujourd’hui la cohorte des morts dont il a creusé les tombes et qu’il a conduits à leur dernier séjour : il les connaissait par leurs noms. Vézelay est orphelin d’un visage qui l’aimait et qui le lui rendait bien.
Tintin nous manque. Certes. Mais n’oublions jamais qu’il fut, pour tant d’entre nous, un cadeau.
Vézelay, le 8 août 2018
Ici, le lien d'un autre hommage, celui de Gilles Stassart, dans Libé

Tintin nous a quittés ce matin
Robert Bucquoy s'en est allé ce matin après quelques semaines d'hospitalisation. Son sourire, sa bonne humeur, son humour vont manquer à Vézelay. Sa tombe était prête dans le cimetière où il a tant oeuvré, toujours avec respect pour ses chers disparus. Sur la pierre étaient déjà inscrits ces mots : Robert Bucquoy dit "Tintin". Dans le dernier bulletin, nous vous avons donné à lire son échange avec Madeleine Ciceri sur le Vézelay d'autrefois. Savoureux franc-parler et galéjades émaillent cette conversation à bâtons rompus.
Salut Tintin !
Communiqué
On nous demande de relayer cette information :
Chers Amis de Vézelay,
Je suis Julien Gautier, fils de Blaise et Rosine Gautier, membre des Amis de Vézelay et résident depuis peu dans la commune. Je suis également l’un des animateurs du Collectif Citoyen Vézelien.
Je me permets de vous écrire pour vous informer de la pétition que notre Collectif vient de lancer pour réclamer à la Municipalité et à la Préfecture l’organisation d’un débat public à propos du projet éventuel d’installation de caméras de video-surveillance sur la Commune de Vézelay, projet dont les médias locaux se sont fait récemment l’écho.
Cette pétition est disponible :
- dans divers commerces du Vézelien (Vézelay, Saint-Père, Asquins, en particulier)
- en version électronique à cette adresse : https://www.change.org/p/video-surveillance-à-vézelay-un-débat-public-préalable-est-indispensable
Il me semble que cette démarche devrait intéresser les Amis, et que l’Association pourrait peut-être s’en faire l’écho d’une manière ou d’une autre.
J’insiste sur le fait que cette pétition ne se prononce pas contre (ni pour) un tel projet, mais demande simplement l’organisation d’un débat préalablement à toute décision effective.
En vous remerciant par avance pour l’attention que vous voudrez porter à ce mail, et en restant à votre disposition pour toute question,
très cordialement,
Julien Gautier, pour le Collectif Citoyen Vézelien

"Votation populaire", résultats
Le conseil municipal de Vézelay s'est réuni ce vendredi 28 juillet à 20 heures 30. Le sujet qui agitait les vézeliens depuis quelques jours, le "tout montant", était la modification du sens de circulation dans Vézelay intra muros. Les Amis de Vézelay ont lancé un sondage (par mail et par tracts dans les boîtes aux lettres) pour connaître l'opinion des intéressés. Une cinquantaine de réponses ont été ainsi collectées. Contre : 34, Pour : 10, Indifférents 4. Quant au Conseil municipal, une majorité écrasante s'est déclarée POUR. Cette nouvelle organisation de la circulation dans Vézelay sera donc appliquée d'ici une huitaine de jours, et pour une durée de six mois.
Montée en sens unique (avec une exception pour les personnes venant de la rue des Bochards qui pourront emprunter la rue Saint-Étienne pour redescendre) par la rue Saint-Étienne, rue Saint-Pierre et rue des Écoles. Descente par la rue de la Porte Neuve et le Rempart Nord.
Un compte-rendu détaillé sera publié sur le site de la mairie.
Jean Gaudaire-Thor à la Maison Jules Roy

L’artiste sénonnais Jean Gaudaire-Thor fête cet été ses 50 ans d’activité plastique par cinq expositions (à Sens, Villeneuve/Yonne, Joigny, Avallon et Vézelay). Celle de la Maison Jules Roy présente une série du début des années 2000 intitulée « Lazare ou la pensée comme un vol ». Un poème de Christian Limousin le commissaire, la présente ainsi :
L’homme diagonal
COMME un journal avec des notes avec des pauses & des reprises
des respirations profondes des comptes & des contes
du 10 déc. MMII au 24 mars MMV 4 séries
20+20+22+11 73 dessins horizontaux
h o r i z o n s d’ a t t e n t e
journal lettré mots épars en plusieurs langues bribes
signes tracés glyphes formes couleurs rythmes
désordre du codex x codes
en vol de pensées envol de pensées
voyez ! tout cohabite tout dialogue tout circule VIA
tout commence avec l’homme diagonal du puits de lascaux
énigme durable du premier récit (?) dans un lourd silence de pierre
renversé sur le dos mort ithyphallique à petite tête d’oiseau
bras écartés mains ouvertes
bison perdant ses entrailles rhinocéros oiseau
du même trait s’empâtant d’une même peinture noire
OCRE des grottes préhistoriques des tombes amérindiennes thibétaines
tout commence à mexico île du texcoco
sources abondantes cresson sylvestre roseaux
& précieux códice mendocino de la bodléienne 71 pages
le minutieux scribe-peintre a tracé
une ribambelle d’hommes accroupis emmaillottés
repris à l’endroit & à l’envers tête en bas à la renverse
tête-bêche
ou rose visage hilare yeux grand ouverts
ou fantômes graffités crânes profilés
QUISQUAM
opus tesselatum RAVENNA tout commence avec GALLA
PLACIDIA pieuse constructrice & finit avec Dante
au paradis ultime béatitude béatrice & marie
o somma luce che tanto ti levi
flottant dans l’espace polychrome
les saints martyrs & les vierges hiératiques processionnent
& tout commence en ÉGYPTE RA solaire
RA qui donne tout & reçoit les offrandes
PER RA RA & RE
khépri le scarabée bousier soleil levant
atoum l’être parfait soleil couchant
trapèze des lentes felouques effleurant le NIL prodigue
& des bosquets de pins sombres des sentiers sinueux
des VOLs d’estourneaulx sur un pan de bleu PROVENCE cézanienne
la peinture est d’enlever une à une les bandelettes
pour voir enfin ce qu’il y a dessous
& selon JEAN (Jn 11 1-44) disciple préféré
béthanie rayons solaires rayons divins de fortes paroles le frappent
LAZZARUS LEVIT nouvel osiris la momie est soudain arrachée
au monde de la mort se redresse & marche vertical
titube comme un homme ensommeillé ou ivre
abandonne derrière elle le cénotaphe
se libère de sa chrysalide revient
près de MARTHE de l’autre soeur & de l’homme qui parle
splendeurs de l’oblique & de l’inclination
se lève ou tombe selon l’angle de vue
émerge ou s’immerge naît ou meurt
chant profond des a n a m o r p h o s e s
vision de biais perspective secrète perspective tordue
pièges pour le regard s’égare en ces rébus joyeux
selon l’angle s’envole ou s’aplatit
rêve ou cauchemar
échelles dressées à même connexions haut bas
& ces perfides grilles d’où s’échapper
se résoudre à franchir le seuil & partir
d’escale en eSCALE
peau nue à toutes les caresses offerte corps gonflé de VIE & de désirs
cours à Classe te jeter dans l’onde ! MARE ADRIATICUM
parfait don du sel qui jamais ne fermente jamais ne s’altère
ni ne perd sa saveur sel d’alliance
LAZZARO LAZARETTO LAZZARONE maudit lépreux
dérobe le sens détourne cette barque en 1224 morceaux
éclats lumineux offrandes des feuilles CIELO étoiles
& VOICI des fruits mûrs TRE MELE &c où mordre délices
encore & encore tra mare & monti tant de chemins tortueux où se perdre
à chercher à rassembler les membres épars d’osiris

